Gestion des talents à l’ère de l’IA : préparez l’avenir

Avec l’essor de l’intelligence artificielle (IA) générative, les métiers évoluent à une vitesse inédite, obligeant les entreprises à repenser leurs stratégies de gestion des talents. Comment accompagner cette transition et s’assurer que les collaborateurs restent au cœur des enjeux stratégiques ? Voici quelques pistes issues des discussions entre Pierre Monclos, conférencier et expert IA & RH, et Antoine Amiel, fondateur de Learn Assembly.

Cet article est basé sur les réflexions partagées lors d’un webinaire animé par Pierre Monclos, conférencier et expert RH & IA, et Antoine Amiel, fondateur de Learn Assembly. Pour voir le replay : 

Comprendre l’impact différencié de l’IA sur les métiers

L’intelligence artificielle (IA) bouleverse profondément le monde du travail, en modifiant non seulement les outils utilisés, mais également la nature même des métiers. 

Pierre Monclos, DRH et expert du MOOC IA & RH de Unow, explique :

Il est illusoire de penser que l’IA remplacera massivement les emplois. En réalité, elle redéfinit les missions et crée de nouvelles opportunités, notamment dans les métiers cognitifs.

Les types de tâches impactées

L’IA générative transforme profondément les métiers, mais pas de manière uniforme. Il est essentiel de distinguer les types de tâches impactées :

• Tâches cognitives routinières : souvent automatisables, ces tâches concernent principalement les professions administratives ou les fonctions nécessitant un traitement standardisé.
• Tâches manuelles non routinières : ces métiers essentiels, comme les auxiliaires de vie ou les agents d’entretien, restent difficiles à automatiser, car ils reposent sur des compétences humaines spécifiques et non modélisables.

Une redéfinition des tâches et des compétences

Plutôt que de remplacer totalement des postes, l’IA tend à transformer les tâches associées à un métier. Par exemple, les professions qui nécessitent des analyses de données complexes ou des rapports techniques voient ces activités partiellement automatisées, permettant aux collaborateurs de se concentrer sur des missions plus stratégiques ou créatives. Cela impose toutefois une adaptation rapide aux nouveaux outils et une montée en compétences continue.

Les métiers cognitifs routiniers en première ligne

Les métiers à forte composante cognitive et routinière, comme les assistants administratifs ou certains postes en comptabilité, sont parmi les plus impactés. Ces professions voient une part croissante de leurs tâches automatisées par des outils d’IA générative. Antoine Amiel souligne : « Nous devons nous préparer à un monde où ces métiers évolueront rapidement, et où les collaborateurs devront développer des compétences complémentaires pour rester pertinents. »

Une opportunité pour réinventer les métiers

Si certains métiers traditionnels évoluent, d’autres, comme ceux liés à l’analyse de données ou à la gestion stratégique, se renforcent. De nouveaux rôles émergent également, tels que les « AI prompt engineers » ou les experts en éthique de l’IA. Ces transformations offrent aux entreprises l’opportunité de revoir leurs modèles organisationnels et de repenser leur gestion des talents.

Un enjeu stratégique pour les entreprises

Face à ces changements, il est crucial d’accompagner les collaborateurs dans leur évolution professionnelle. Cela passe par une stratégie de gestion des talents proactive, qui inclut :

• Une cartographie précise des compétences existantes et à développer ;
• La mise en place de plans de formation ciblés ;
• Un dialogue régulier avec les collaborateurs pour identifier leurs aspirations et leurs besoins.

Comme l’explique Pierre Monclos : « C’est en travaillant main dans la main avec les collaborateurs que les entreprises pourront transformer ces défis en opportunités. »

À lire aussi : Comment utiliser l’IA pour bâtir son plan de développement des compétences ?

Miser sur des stratégies de montée en compétences ciblées

Alors que l’intelligence artificielle redéfinit les contours du travail, les entreprises doivent adopter des stratégies proactives pour accompagner cette transformation. L’enjeu est double : anticiper les impacts de l’IA sur les métiers et préparer les collaborateurs à s’adapter à ces évolutions.

Cartographier les compétences et les impacts de l’IA

Pour répondre efficacement à ces défis, une première étape essentielle consiste à cartographier les compétences existantes et à analyser l’impact de l’IA sur chaque métier. Cela permet d’identifier :

• Les tâches susceptibles d’être automatisées ;
• Les compétences critiques à renforcer ou à acquérir ;
• Les opportunités de création de nouveaux rôles.

Antoine Amiel précise : « Cette cartographie ne doit pas se limiter aux compétences techniques. Il est également crucial d’évaluer les soft skills, qui joueront un rôle clé dans un monde du travail augmenté par l’IA. »

Un exemple concret est le recours à des outils d’IA générative pour analyser des référentiels métiers et proposer des ajustements en fonction des transformations technologiques à venir.

Pour creuser le sujet : regardez l’intervention de Lobna Calleja lors du MOOC IA & RH 

Investir dans des formations continues adaptées

La montée en compétences des collaborateurs est un levier incontournable pour répondre aux évolutions des métiers. Les entreprises doivent :

• Offrir des formations adaptées aux besoins spécifiques des métiers impactés ;
• Intégrer des sessions pratiques avec des outils d’IA générative pour que les collaborateurs puissent expérimenter ces technologies dans leur contexte de travail.

Par exemple, Unow propose des formations comme L’intelligence artificielle au service des fonctions RH ou Recruter à l’ère des intelligences artificielles, qui permettent d’aborder concrètement les transformations induites par l’IA.

Favoriser la mobilité interne et la co-construction des trajectoires

L’évolution des métiers liée à l’IA ouvre la voie à de nombreuses opportunités de mobilité interne. Les entreprises doivent encourager les collaborateurs à se projeter dans de nouveaux rôles en leur offrant :

• Des outils pour visualiser les trajectoires professionnelles possibles ;
• Un accompagnement personnalisé pour identifier les compétences à développer.

Pierre Monclos insiste : « La mobilité interne est un levier stratégique pour fidéliser les talents et anticiper les transformations. L’IA peut jouer un rôle clé en suggérant des parcours adaptés et en simplifiant les transitions entre postes. »

Redéfinir les critères de recrutement et les pratiques d’évaluation

Face aux changements rapides des métiers, les entreprises doivent également revoir leurs pratiques de recrutement. Il ne s’agit plus seulement de chercher des compétences techniques, mais aussi des appétences et une capacité d’adaptation à l’IA.

Certaines entreprises expérimentent des processus d’évaluation en direct, où les candidats réalisent des études de cas en utilisant des outils d’IA générative. Cela permet de tester non seulement leurs compétences techniques, mais aussi leur réflexion critique et leur capacité à utiliser ces technologies à bon escient.

À lire aussi : IA & Recrutement : faire face à une nouvelle guerre des talents

Construire une culture d’entreprise tournée vers l’innovation

Enfin, l’évolution des métiers liée à l’IA nécessite une transformation culturelle. Les entreprises doivent créer un environnement où l’innovation et l’apprentissage continu sont valorisés. Cela passe par :

• La mise en place de rituels d’échange autour des cas d’usage de l’IA ;
• L’intégration d’objectifs d’innovation dans les projets d’équipe ;
• Une communication transparente sur les changements à venir et leur impact.

Comme le souligne Antoine Amiel : « Les entreprises qui réussiront leur transition seront celles qui auront su faire de l’IA un levier d’opportunités, et non une source d’inquiétude pour leurs collaborateurs. »

Face à cette transformation, les entreprises doivent développer des approches adaptées pour maintenir l’employabilité des talents tout en répondant à leurs propres besoins.

💡 Exemple concret : Certaines entreprises mettent en place des bootcamps IA dans le cadre de l’onboarding. Ces programmes intensifs permettent aux nouveaux collaborateurs d’acquérir rapidement les bases nécessaires pour travailler efficacement avec l’IA.

Dépasser les peurs et capitaliser sur les opportunités

L’introduction massive de l’IA peut susciter des inquiétudes chez les collaborateurs : peur de perdre leur emploi, d’être remplacés ou de ne pas être à la hauteur des attentes. Les actions à mettre en place au niveau RH :

• Une communication claire et transparente : Partager les objectifs stratégiques de l’entreprise en matière d’IA et rassurer sur la place de l’humain.
• Un travail sur l’éthique et la responsabilité : Définir les limites d’utilisation des outils IA pour préserver la confiance des collaborateurs.
• Des actions concrètes pour rassurer : Montrer rapidement les bénéfices des outils IA, non pas comme des remplaçants, mais comme des alliés pour faciliter le travail.

Un futur à co-construire avec les collaborateurs

Accompagner l’évolution des métiers à l’ère de l’IA est un défi collectif. Comme le rappelle Antoine Amiel :

Ce n’est pas uniquement une question de technologie, mais avant tout de culture d’entreprise et d’accompagnement humain.

Pour réussir cette transition, les entreprises doivent investir dans des stratégies de formation innovantes et des pratiques RH alignées sur les nouveaux besoins. L’objectif : bâtir une organisation résiliente, où l’humain reste au cœur de l’innovation.