Basics #7 La théorie du constructivisme et du socio-constructivisme
Dans la série des Basics des Sciences de l’éducation de Unow, intéressons-nous aux théories de l’apprentissage, au constructivisme et socio-constructivisme
Par Laura Hélie et Eléonore Vrillon – Le 7 mars 2023
Résumé
- Le constructivisme est une théorie de l’apprentissage centrée sur l’individu. L’apprenant n’absorbe pas le savoir mais se l’approprie en le mettant en perspective avec son vécu et ses représentations, il “construit” son savoir.
- Le socio-constructivisme est une extension de cette théorie, elle y ajoute l’importance des liens sociaux dans la “construction” des savoirs.
- Les formations répondant à ces conceptions visent à faire du lien avec l’environnement réel de l’apprenant : cas pratiques, simulations. Elles mobilisent aussi la pédagogie de la découverte avec un formateur-médiateur.
- On retrouve ce modèle d’apprentissage chez Unow via le format SPOC autonomisant et centré sur l’environnement de l’apprenant, ainsi que dans les activités pédagogiques et l’encouragement de l’apprentissage en groupe.
Qu’est ce que c’est ?
Le constructivisme
Le constructivisme est une théorie d’apprentissage centrée sur l’apprenant. Apparue relativement à la même période que le cognitivisme, elle vient elle aussi offrir une alternative à la théorie initiale du behaviorisme. Contrairement au modèle behavioriste, le constructivisme considère que l’apprenant acquiert des connaissances en partant des perceptions qu’il a de sa réalité et de son vécu : on apprend en construisant des connaissances, et en reconstruisant nos perceptions pour les adapter aux contextes qui nous sont propres.
➪ Les trois principes constructivistes selon Deschênes et al (1996):
1) Les connaissances sont construites
2) L’apprenant est au centre du processus
3) Le contexte joue un rôle déterminant
Le socio-constructivisme
Le socio-constructivisme est un modèle qui vient compléter plusieurs années plus tard la théorie du constructivisme. Il en reprend les principales idées tout en soulignant l’importance du rôle social des apprentissages. Les connaissances sont acquises à l’aide d’un contexte où les interactions apprenant-formateur et apprenant-apprenant sont riches (Doise & Mugny, 1981).
Comment ça marche ?
Assimilation et accommodation des représentations
Selon Piaget (1975), l’activité de construction des savoirs passe par 2 processus cognitifs : l’assimilation et l’accommodation, qu’il distingue ainsi :
L’assimilation, c’est quand l’individu intègre des éléments externes nouveaux dans ses représentations existantes
L’accommodation, c’est quand l’individu s’adapte pour gérer des éléments nouveaux qu’il ne parvient pas à assimiler
Les apprenants vont donc construire du savoir à partir des déséquilibres engendrés par les éléments extérieurs de leur environnement, et des stratégies qu’ils mobilisent pour appréhender ces éléments nouveaux.
Figure du socio-constructivisme, Vygotski (voir Ivic, 1994) va plus loin en décrivant ces processus de rééquilibrage comme issus de “médiations”: des rapports sociaux passant notamment par le langage et la culture. Il souligne qu’on ne peut connaître “que ce que l’on peut dire”, le processus d’apprentissage est donc centré sur la communication (Faure et al.).
La zone proximale de développement (ZPD)
Appuyant le rôle clé de la communication dans la conception socio-constructiviste de l’apprentissage, Vygotski l’associe avec le concept de la zone proximale de développement, ou ZPD. Cette zone représente le potentiel d’apprentissage que l’apprenant peut atteindre grâce à un tiers (pair, formateur, coach, médiateur…). Elle a vocation à s’étendre tout au long de la vie au fur et à mesure des acquis de l’individu.
Selon le modèle socio-constructiviste, les apprentissages sont acquis dans la ZPD, où les tâches à effectuer pour l’apprenant ne sont ni trop simples (il pourrait les faire seul), ni trop complexes (il ne pourrait pas le faire même en étant accompagné). C’est ce juste milieu que les formations socio-constructivistes doivent chercher à cultiver, en favorisant les échanges avec l’apprenant, ainsi que l’apprentissage en groupe favorisant le débat et les erreurs, qui sont ici considérées comme des points d’appui pour la construction de connaissances nouvelles (Chekour et al., 2015).
Concrètement, ça donne quoi ?
Un apprentissage selon le modèle constructiviste donne une grande autonomie à l’apprenant, en lui permettant de s’auto-réguler et d’avoir la mainmise sur ses stratégies d’apprentissage. Le contenu des formations visera à facilement mettre en lien l’environnement de l’apprenant et les savoirs / expériences nouvelles que la formation propose. L’apprenant est placé dans des situations actives où il devra gérer les informations qu’il reçoit, en les assimilant ou les accommodant.
Les principales méthodes pédagogiques associées à ce modèle sont par exemple le travail collaboratif, la pédagogie de la découverte, le retour d’expérience personnelle, ou encore l’évaluation par les pairs. Le formateur devra individualiser son suivi, et prendre chaque apprenant à son niveau de représentation, “là où il est”, puisque tout apprentissage doit partir de leurs acquis (Doolittle, 1999).
Le formateur constructiviste, et particulièrement socio-constructiviste, se positionne en médiateur de la communauté apprenante. Son rôle n’est pas de transmettre, mais de rendre accessible le savoir; il privilégiera les récompenses intrinsèques (l’apprenant est fier d’avoir trouvé la réponse) que les récompenses extrinsèques de type behavioristes (félicitations, renforcements positifs, bonne note…) (Bourdat, 2012).
Où le retrouve-t-on chez Unow ?
Dans le format SPOC
Les formations constructivistes cherchent à favoriser l’autonomie des apprenants en leur permettant de gérer leur rythme d’apprentissage (Chekour et al, 2015). C’est le cas dans les MOOC et SPOC de Unow, pour lesquels les apprenants ont accès à tous les modules sur la plateforme dès l’ouverture de la formation, ce qui permet à chacun d’avancer à son rythme.
En plus de proposer un format autonomisant, la formation à distance a la particularité de permettre aux apprenants de suivre leur formation sur leur lieu de travail, soit dans l’environnement immédiat où leurs nouvelles connaissances sont vouées à être exploitées.
Cette vision va s’opposer au format présentiel où l’apprenant va être placé dans un environnement scolaire, différent de son contexte habituel. Selon la vision constructiviste, cette mise en situation ne facilitera pas la contextualisation et le transfert des connaissances, alors qu’être dans un environnement familier lui permettrait de vérifier, confirmer, confronter ou ajuster les connaissances qu’il construit (Deschênes et al., 1996).
Dans la pédagogie
Unow mobilise plusieurs méthodes pédagogiques qui renvoient au modèle constructiviste, notamment en encourageant l’apprentissage en groupe et l’apprentissage par la pratique.
On le voit également dans les activités et cas fil rouge, qui sont construits selon des situations que les apprenants sont susceptibles de rencontrer, et les poussent à donner du sens aux apprentissages. Un exemple ici dans la formation “Formation de Formateurs” :
De manière générale, les activités de type étude de cas et simulation peuvent être associées à une pédagogie de la découverte, et permettent aux individus d’apprendre “par induction” (Bourdat, 2012).
La pédagogie constructiviste cherche également à accompagner l’apprenant pour que celui-ci voit au-delà des savoirs qui lui sont présentés. Avec la possibilité d’étendre son apprentissage en mobilisant des ressources bonus, l’apprenant est invité à s’approprier les savoirs et à aller plus loin en cherchant de nouvelles ressources dans son environnement.
Comment on pourrait aller plus loin ?
En mettant en perspective nos pratiques en formation avec les théories de l’apprentissage, on identifie qu’une stratégie peut correspondre à une certaine conception de la pédagogie, et par extension, de la formation.
C’est à nous d’orienter nos choix en fonction de la conception que nous avons de l’apprentissage; bien entendu, ces théories ne sont pas exclusives et cohabitent entre elles au sein des formations.
Sources et +
BOURDAT, M. (2012), “Etes-vous un formateur « constructiviste » ?” [En ligne], Formation-professionnelle.fr. Disponible ici
CHEKOUR, M., LAAFOU, M., & JANATI-IDRISSI, R. (2015), “L’évolution des théories de l’apprentissage à l’ère du numérique”, EpiNet, n° 171. Disponible ici
DESCHENES, A.-J., BILODEAU, H., BOURDAGES, L., DIONNE, M., GAGNE, P., LEBEL, C., RADA-DONATH, A. (1996), “Constructivisme et formation à distance” DistanceS, vol. 1, n°1, printemps 1996, pp. 9 à 21
DOISE, W. & MUGNY, G. (1981). Le développement social de l’intelligence, (Vol. 1). Paris : InterEditions.
DOOLITTLE, P. E., (1999). Constructivism and online education. Virginia : Polytechnic Institute & State University.
FAURE, P., GEOFFRAY, F., NYGREN, A., “Théories de l’apprentissage : behaviorisme, cognitivisme, socio-constructivisme” [En ligne], SietManagement.fr. Disponible ici
IVIC, I. (1994), “LEV S. VYGOTSKY (1896 – 1934)”, Revue trimestrielle d’éducation comparée, vol. 24, n° 3/4.
MORRISON, D. (2013), “How Course Design Puts the Focus on Learning Not Teaching”, [En ligne] Online Learning Insights. Disponible ici
PIAGET, J. (1975). L’équilibration des structures cognitives. Paris, PUF.
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