Basics #6 La théorie du cognitivisme
Dans la série des Basics des Sciences de l’éducation de Unow, intéressons-nous aux théories de l’apprentissage et au cognitivisme.
Par Laura Hélie et Eléonore Vrillon – Le 8 avril 2022
Résumé
- Le cognitivisme est une des grandes théories de l’apprentissage, visant à expliquer le processus cognitif de l’individu lorsqu’il apprend quelque chose.
- Le cerveau de l’apprenant y est considéré comme un super-ordinateur : il reçoit de multiples informations puis les traite, les assimile et les classe.
- Les formations “cognitivistes” cherchent à solliciter les mécanismes du cerveau de l’apprenant via des stratégies qui captent son attention et à inscrivent les informations dans sa mémoire (ex : support visuel).
- On le retrouve chez Unow dans la volonté de mobiliser l’expérience des apprenants et par l’aspect visuel des activités, ainsi que dans la structuration des modules, avec de petites évaluations fréquentes.
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Qu’est ce que c’est ?
Définition
Le cognitivisme est une grande théorie d’apprentissage. Il s’intéresse à la manière dont le cerveau perçoit et traite l’information lors du processus d’apprentissage. Ce processus est vu comme une série d’activités du cerveau : il sélectionne et met en forme des informations en fonction de ses représentations et de ses intérêts personnels (Chiousse, 2007).
Cette théorie a la particularité de comparer les processus mentaux de l’apprenant avec la mémoire d’un ordinateur, qui recueille, traite et classe les informations reçues. L’apprentissage y est vu comme un processus mêlant plusieurs stratégies cognitives : attention, résolution de problème, mémoire, construction de nouveaux savoirs ou mobilisation d’anciens (Bastien).
Historique
Le cognitivisme naît autour des années 60 en réaction au behaviorisme. Au lieu de devoir assimiler des comportements observables, l’apprenant doit désormais prendre conscience qu’il fait appel à des schémas mentaux lorsqu’il acquiert un savoir (Bibeau, 2007). L’apprentissage n’est plus limité au conditionnement, mais est vu comme un traitement d’information complexe (Crozat, 2002).
Cette perception de l’apprentissage a connu un réel succès qui lui a permis de détrôner le behaviorisme. Les méthodes d’enseignement qui en découlent font appel à différentes stratégies pour favoriser l’assimilation des savoirs par le cerveau. Elles permettent également de mieux prendre en compte la diversité de profils des apprenants, car les formations laissent davantage de place aux variables individuelles (Chekour, Laafi & Janati-Idrissi, 2015).
Comment ça marche ?
La psychologie cognitive
Le cognitivisme s’inspire de la psychologie cognitive, qui distingue 3 catégories de connaissances, et donc plusieurs façons de les assimiler. Il faudra donc adapter les choix pédagogiques à ces catégories, qui seront représentées différemment dans la mémoire de l’apprenant (Legault, 1992) :
- les connaissances déclaratives répondent à la question “Quoi ?”
- les connaissances procédurales au “Comment ?”
- les connaissances conditionnelles au “Quand ?” et au “Pourquoi ?”
Pour les cognitivistes, l’apprenant est un système actif de traitement de l’information, il fera donc appel à de multiples stratégies cognitives : il perçoit des informations, les reconnaît, les emmagasine en mémoire, puis les récupère de sa mémoire lorsqu’il en a besoin pour résoudre des problèmes par exemple (Bibeau, 1996).
En formation, ça donne quoi ?
Les formations cognitivistes adaptent donc leurs choix pédagogiques aux différentes catégories de connaissances, et aux stratégies cognitives que le cerveau peut mobiliser. L’ingénierie pédagogique fait en sorte que des choix externes de format et de contenu puissent influencer les choix internes du cerveau. Cela peut passer notamment par l’utilisation de la lecture, de QCM ou encore d’outils visuels comme le mindmapping et les schémas, visant à faciliter la mémorisation (Morrison, 2013).
Néanmoins, cette théorie a quand même ses limites, notamment car elle a tendance à percevoir le cerveau comme un outil répondant mécaniquement. Cette perception peut pousser à prendre en compte davantage les formats proposés pour packager l’information que l’information elle-même et sa pertinence pour l’apprenant. La motivation et la capacité à s’auto-réguler sont aussi peu prises en compte (Chekour, Laafi & Janati-Idrissi, 2015).
Où le retrouve-t-on chez Unow ?
Les formations Unow cherchent à être le plus stimulantes et interactives possibles. Le public d’apprenants adultes est considéré comme déjà porteur d’un savoir, et est invité à partager son expérience afin de lier de nouvelles informations (les contenus de la formation) avec celles qu’il a déjà traitées (ses représentations, son vécu).
Les activités de mise en situation comme les cas fil rouge amènent l’apprenant à mobiliser ces informations dans une dynamique de résolution de problème ou de transfert de connaissances dans un nouvel environnement.
La pédagogie de Unow est aussi axée sur l’organisation des connaissances, par exemple avec la mise à disposition de fiches de synthèse schématiques à la fin de chaque module. Ces fiches de synthèse servent également à capter l’attention de l’apprenant en tant que support visuel.
La conception cognitiviste de l’évaluation demande aussi des évaluations fréquentes des connaissances, ce qui est le cas chez Unow. Il est aussi très important dans l’évaluation de la formation de constater la rétroaction de la formation sur l’apprenant : par exemple, s’il transfère ses connaissances sur son lieu de travail. Cette enquête est notamment réalisée dans le nouveau questionnaire de satisfaction de Gestion du Temps par exemple.
Comment on pourrait aller plus loin ?
Comme pour le behaviorisme, connaître les principes des grandes théories d’apprentissage nous permet de prendre du recul sur nos pratiques, il nous faut donc avoir une vision globale de ces théories pour les entrecroiser et les mettre en perspective avec nos choix d’ingénierie de formation chez Unow.
Sources et +
BIBEAU, R. (1996). “École informatisée clés en main. Projet franco-québécois de recherche-action.” Revue de l’EPI (Enseignement Public et Informatique), (82), pp. 137–147.
BIBEAU, R. (2017), “Les Technologies de l’Information et de la Communication peuvent contribuer à améliorer les résultats scolaires des élèves”, Revue de l’EPI, (94). Disponible ici
BILLIERES, M. (2017), “Les métamorphoses dans la formation et l’enseignement à l’orée du XXIème siècle” [En ligne] Disponible ici
CHEKOUR, M., LAAFOU, M., & JANATI-IDRISSI, R. (2015), “L’évolution des théories de l’apprentissage à l’ère du numérique”, EpiNet, n° 171. Disponible ici
CHIOUSSE, S. (2007), “Pédagogie et apprentissage des adultes. An 2001. Etat des lieux et recommandations”, HAL Archives ouvertes <hal-00133764> Disponible ici
CROZAT, S. (2002). Éléments pour la conception industrialisée des supports pédagogiques numériques (Doctoral dissertation, Université de Technologie de Compiègne).
DAVID, L. (2015). “Cognitivism”, Learning Theories.
LEGAULT, G. (1992), “ L’expérience éthique à la lumière des théories développementalistes”, Réseaux. Vol. 64–65–66. p. 99–112.
McGRAW, K. (2019), “Cognitivism vs. Connectivism” [En ligne] kyliemcgraw.georgetown.domains
MORRISON, D. (2013), “How Course Design Puts the Focus on Learning Not Teaching” [En ligne] Online Learning Insight Disponible ici
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