Quelques impacts insoupçonnés de la réforme de la formation
Découvrez plusieurs impacts importants et pourtant peu connus des fonctions formation
Par Pierre Monclos – Le 20 mai 2019
Des articles sur la réforme, vous en avez probablement beaucoup lu. Il y en a des excellents, d’autres qui se contentent de paraphraser la loi. La plupart sont assez longs, tant la réforme est dense. L’enjeu est souvent d’arriver à lire entre les lignes, et de deviner les impacts concrets de la réforme sur les pratiques des entreprises aujourd’hui et demain.
Nous avons fait cet exercice chez Unow, tout en interrogeant des responsables formation. Nous avons relevé plusieurs impacts importants et pourtant peu connus des fonctions formation.
L’impact de la réforme sur la durée des formations
Ce que l’on sait déjà : les évolutions des financements impactent à la baisse le nombre de formations dispensées dans les entreprises de 50 salariés et plus. En résumé : moins de financements, moins de formations.
Analysons plus en détails l’impact de la baisse des budgets sur la durée des formations. Cela s’est déjà observé dans le passé, l’un des moyens de baisser les budgets formation est de réduire la durée des formations. Un stage présentiel de trois jours, finalement, peut tenir en deux jours tout visant les mêmes objectifs principaux. D’ailleurs, après la crise financière et ses répercussions sur les budgets formation des entreprise, les organismes de formation avaient, d’eux-même, fait évoluer à la baisse la durée de leurs formations proposées. Il va sans dire que dans bien des cas, la qualité de la formation a au passage été dégradée : moins de temps consacré à la mise en pratique, des journées plus denses, etc.
Pourtant, avec cette réforme, l’impact sur la durée des formations ne sera pas aussi simple. À l’heure où les formats pédagogiques ne sont plus 100% présentiels(ce que la réforme encourage), les marges de manoeuvres sont plus nombreuses. En voici quelques unes qui existaient déjà et qui, parole de responsable formation, vont devenir plus fréquentes :
Le classique blended. Cela consiste à transformer une formation présentielle en formation blended. Avec une partie de la formation qui se fait à distance, il est possible de réduire la durée totale du dispositif de formation. Cela fonctionne bien, tant que l’on ne sépare pas la théorie de la mise en pratique, comme nous le rappelions dans cet article.
Le lien avec la situation de travail. Il s’agit ici de déporter une partie de la mise en pratique dans la situation de travail. Même si le formateur n’est plus là, la mise en pratique en situation de travail reste très efficace pour monter en compétence. Le formateur peut être disponible pour un “point d’étape” lors d’une classe virtuelle ou d’un appel téléphonique par exemple.
Le lien avec l’apprentissage autonome. Ici, c’est la partie “théorique” que l’on le déporte sur le temps de travail. La théorie a été abordée en formation, mais juste assez pour passer à la mise en pratique. C’est après la formation que les apprenants approfondiront les concepts théoriques à assimiler : cela va du simple dossier pédagogique ou livre aux ressources digitales (petits modules, vidéos et conférences, échanges sur un forum).
Pour terminer ce point, j’attire votre attention sur une idée reçue. Si les formations en ligne remplacent certaines formations présentielles, nous pourrions croire que cela impacte aussi à la baisse la durée des formations. Mais ce n’est pas automatique. Car si l’on garde un dispositif de formation en ligne qui permet une réelle montée en compétence, cela nécessite du tutorat, de la mise en pratique et, idéalement de l’apprentissage collaboratif. Le dispositif digital sera alors souvent de la même durée que s’il avait était présentiel. C’est le cas des SPOC.
L’impact de la réforme sur les process administratifs
Ce que l’on sait déjà : les évolutions des financements et, par ricochet, de l’offre de formation, ont pour conséquence que les formations sont plus courtes et moins chères.
Les fameux frais administratifs de la formation (factures multi-sites, frais de dossier, etc) ne pourront plus être les mêmes. En effet, pour les organismes de formation il sera difficile de maintenir des frais de dossier de 60€HT sur des formations de 500 ou 800€. Le ratio de frais administratif sera perçu comme trop élevé par les clients.
Mais l’impact existe aussi du côté entreprise. La charge administrative – c’est-à-dire le temps passé à gérer les dossiers, factures, inscriptions, convocations… – ne pourra plus être le même si les formations sont plus courtes, sans quoi cela représenterait un coût trop important par rapport à l’action de formation gérée.
Les évolutions à prévoir sont donc :
côté organisme de formation : une baisse des frais administratifs, dont le coût peut être réduit en interne grâce à la digitalisation et l’automatisation des process et des outils de gestion
côté entreprise : une baisse de la charge administrative grâce à… vous nous voyez venir… la digitalisation et l’automatisation des process et des outils de gestion :-)
C’est l’occasion de rappeler que tout prétexte amenant à digitaliser et automatiser ce type de process créée finalement de la valeur pour l’entreprise. Cela permet aux personnes en charge de la formation de passer moins de temps sur des tâches à faible valeur ajoutée.
L’impact sur les thèmes de formation
Ce que l’on sait déjà : les budgets formation des entreprises sont moins importants, et les crédits CPF diminuent en valeur (d’environ 50€ à 15€).
Quel rapport avec les thèmes de formation nous direz-vous ? Il est indirect, mais il existe bel et bien.
Il y a tout d’abord des évidences :
les formations “cadeau” se raréfient en entreprise, il s’agit d’une pratique qui consiste à proposer une formation de son choix à un salarié qui a fait une bonne année (souvent une formation en développement personnel)
les formations en langue ont été pour partie réintégrées dans les budgets des entreprises, qui n’ont plus autant de liberté qu’avec le DIF et qui ont désormais moins de réserves financières avec les crédits CPF
dans un contexte de budgets réduits, il y a moins de place pour les formations sans impact direct sur la personne
Ces “évidences” sont parfois contrecarrées par des stratégies qui visent à réengager les salariés dans la formation, en leur proposant des thèmes qui les concernent à titre personnel, autour des soft skills notamment.
Mais il y a aussi l’impact du CPF. Avec une offre de formation désormais élargie et des crédits CPF de 500€ par an, les formations longues (100h et plus) seront moins sollicitées par les salariés en poste. Parmi les formations courtes qui devraient tirer leur épingle du jeu, il y aura en bonne partie les compétences transversales (gestion de projet, management) et les soft skills. Ces thèmes se sont d’ailleurs déjà développés dans l’offre de formation CPF dès 2018.
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