IA et soft skills : quelles compétences humaines développer à l’ère de l’intelligence artificielle ?

Depuis l’émergence des intelligences artificielles génératives, les entreprises ont dû repenser leurs compétences clés. L’IA automatise de nombreuses tâches et accélère les flux d’informations, ce qui fait évoluer la manière dont nous travaillons. Mais face à ces avancées, les soft skills, ces compétences humaines essentielles, deviennent plus précieuses que jamais.

Ophélie Ayouaz, Executive Coach et formatrice chez Unow, nous éclaire sur l’impact de l’IA sur les soft skills et explique comment les entreprises peuvent aider leurs collaborateurs à renforcer ces compétences pour mieux interagir avec cette nouvelle technologie.

Les soft skills : des compétences clés face aux évolutions technologiques

Les soft skills regroupent un ensemble de compétences humaines et comportementales qui permettent aux individus de s’adapter et d’interagir efficacement dans l’environnement de travail d’aujourd’hui.

Pour Ophélie Ayouaz, ces compétences sont « celles de la subtilité », celles qui nous permettent de mieux naviguer dans des situations complexes, en autonomie ou en collaboration. Elle les classe en trois grandes catégories :

• Les compétences situationnelles et comportementales : capacité à prendre des décisions, à s’adapter à l’imprévu et à gérer son stress.

• Les compétences interpersonnelles et relationnelles : intelligence sociale, gestion des conflits, capacité à donner et recevoir du feedback.

• Les compétences émotionnelles et cognitives : créativité, curiosité, pensée critique et capacité d’apprentissage.

Mais l’arrivée de l’IA a bouleversé ces compétences en modifiant notre rapport à l’information, à la prise de décision et à la collaboration. Certaines soft skills deviennent alors incontournables pour tirer parti des opportunités offertes par l’IA tout en évitant ses pièges.

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L’esprit critique : la soft skill indispensable face à l’IA

Parmi toutes les compétences humaines, l’esprit critique est sans doute celle dont l’importance a le plus augmenté avec l’essor de l’IA. Déjà essentiel à l’ère du numérique, il devient un atout majeur face aux contenus générés automatiquement.

« Avec l’IA, le flux d’information est immense et parfois trompeur. Il devient crucial de savoir vérifier ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas », Ophélie Ayouaz

L’IA peut produire des textes, des images et des vidéos d’une qualité impressionnante, mais elle peut aussi générer des erreurs, des biais et même des fake news. Des deepfakes ont déjà trompé des entreprises et des particuliers, tandis que certains modèles d’IA ont été critiqués pour leurs biais dans la sélection des données.

Face à l’IA, développer l’esprit critique est crucial pour apprendre à analyser l’information et distinguer le vrai du faux. Cela permet d’éviter les pièges des contenus générés par IA et de prendre des décisions éclairées.

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Mais alors, comment renforcer l’esprit critique en entreprise ?

Développer l’esprit critique chez les collaborateurs ne s’improvise pas. Ophélie Ayouaz partage plusieurs stratégies efficaces pour y parvenir :

1. Adopter une approche de vérification inversée
   Lorsqu’une information est fournie par une IA ou un outil automatisé, il est utile de chercher d’abord à prouver qu’elle est fausse, plutôt qu’à la valider. Cette approche renforce l’analyse critique et évite d’accepter les informations sans questionnement.
   « Un bon réflexe est de se demander : comment puis-je prouver que cette information est fausse ? Cela nous pousse à enquêter plus rigoureusement », recommande Ophélie Ayouaz.

2. Mettre en place une charte interne pour évaluer les informations
   Une charte ou une checklist interne peut aider les collaborateurs à identifier les signes d’une information erronée ou manipulée. Par exemple :

3. • Vérifier la source et sa crédibilité.
   • Recouper avec d’autres sources fiables.
   • Identifier des incohérences dans les images générées par IA (ex : erreurs dans les mains, visages asymétriques).
   •Tester les informations en les confrontant à des faits avérés.

4. Encourager la culture du questionnement
   Il est essentiel d’encourager les collaborateurs à poser des questions et à remettre en cause les informations. Cela passe par la mise en place d’un environnement de travail où chacun peut exprimer ses doutes sans crainte.
   « Créer une culture où l’on peut dire « je ne suis pas sûr » ou « j’ai besoin d’en savoir plus » est fondamental pour éviter les biais et prendre de meilleures décisions », souligne Ophélie Ayouaz.

5. Analyser des cas concrets pour s’exercer
   Travailler sur des exemples réels de deepfakes ou d’informations générées par IA permet d’entraîner les collaborateurs à repérer les erreurs. Cet exercice peut évoluer avec le temps, car les IA s’améliorent constamment et les critères de vérification doivent s’adapter en conséquence.

Soft skills et IA : un duo gagnant

Si l’IA est capable d’automatiser de nombreuses tâches, elle ne remplace pas les compétences humaines, mais les rend encore plus essentielles.

En plus de l’esprit critique, d’autres soft skills deviennent incontournables :

• L’adaptabilité : l’IA évolue rapidement et demande une capacité d’apprentissage continue.

• La gestion du stress : avec l’accélération du travail et la surcharge d’informations, savoir gérer la pression devient essentiel.

• La collaboration : l’IA étant un outil, savoir travailler efficacement avec elle et avec les autres reste primordial.

• L’intelligence émotionnelle : à l’ère du digital, la capacité à comprendre et gérer ses émotions et celles des autres est un facteur clé de réussite.

« L’IA peut être un formidable outil si nous savons comment l’utiliser intelligemment, en combinant technologie et compétences humaines », Ophélie Ayouaz.

Les entreprises ont tout intérêt à investir dans le développement des soft skills à travers des formations adaptées, des mises en situation et un environnement de travail favorisant la réflexion et le questionnement.