Crowdfunding, crowdlending, equity : comment s’y retrouver parmi toutes les plateformes ?
Olivier Goy vous propose d’y voir un peu plus clair dans l’univers parfois compliqué des plateformes de prêts et des solutions Fintech.
Par Olivier Goy – Le 15 décembre 2016
Les plateformes de prêts sont des moyens de financement fintech qui permettent de lancer un projet. Elles sont en train de devenir une réelle alternative aux banques classiques. Mais de quoi parle-t-on au juste ? Olivier Goy revient pour nous sur la définition de ces nouveaux outils de financement en ligne.
Extrait de la vidéo de formation : MOOC La révolution Fintech
Olivier Goy est le fondateur de Lendix, une plateforme de prêts au PME qui opère aujourd’hui en France, en Espagne mais aussi en Italie.
Crowdfunding, crowdlending, equity : de quoi on parle ?
Alors parlons un peu des définitions. Il faut avouer que toutes les industries nouvelles adorent inventer des nouveaux mots et adorent jargonner. Cela doit les rassurer. En fait on va vous parler aujourd’hui de crowdfunding qui signifie au sens littéral : le financement par la foule.
Les 3 obédiences du Crowfunding
En fait cette grande famille du crowdfunding qui appartient elle même à la grande famille de la fintech, donc du mariage de la finance et de la technologie, possède 3 obédiences.
- Première obédience, c’est le don. C’est quoi le don ? C’est un particulier qui donne de l’argent littéralement pour avoir soit un produit en avant première soit tout simplement faire un geste caritatif.
- Deuxième grande famille du crowdfunding : c’est ce qu’on appelle le capital, ou equity en anglais. Le crowdfunding equity. Cette fois-ci il ne s’agit plus d’un don. Il s’agit d’un particulier qui met de l’argent à disposition d’une entreprise et en contrepartie, il va en devenir actionnaire.
- Troisième grande famille du crowdfunding, à laquelle j’appartiens d’ailleurs: c’est ce qu’on appelle le crowdlending littéralement le financement par la foule. Cette fois ci on ne devient pas actionnaire d’une entreprise. On en devient quelque part le banquier. C’est à dire qu’on prête de l’argent à l’entreprise, et tous les mois on va recevoir du capital et des intérêts de cette entreprise.
Du crowdlending à la plateforme de prêts
D’ailleurs petite précision encore, car comme je vous le disais on adore inventer des nouveaux mots. On ne parle plus tellement de crowdlending, mais plutôt de plateforme de prêts. Pourquoi ce glissement sémantique ? Car de plus en plus ceux qui prêtent de l’argent sur les plateformes, ne sont pas simplement des investisseurs privés comme vous et moi, mais également des investisseurs institutionnels. Donc le mot crowd, le mot foule, était un peu usurpé. C’est pour ça que c’est le mot plateforme de prêt qui a tendance à le remplacer récemment.
Pourquoi les particuliers peuvent ils désormais prêter de l’argent aux entreprises ?
Ils le peuvent grâce à une nouvelle loi qui date d’octobre 2014, qui a ouvert une brèche assez incroyable dans le monopole bancaire. Il faut savoir qu’avant octobre 2014 il était strictement interdit pour tout investisseur privé de prêter de l’argent à des entreprises. Notons d’ailleurs que cela le reste encore pour des particuliers qui souhaiteraient prêter à d’autres particuliers.
Autre point intéressant à noter : c’est que cette révolution est non seulement possible grâce à la réglementation, mais également possible grâce à la technologie. Aujourd’hui il y a des technologies suffisamment simples et matures pour permettre ce mariage de la finance et de la technologie et donc permettre à des investisseurs privés de financer l’économie en direct.
Comment ça fonctionne ?
Il faut savoir que les plateformes de prêts aux PME sont encadrées par la loi. C’est le décret paru en octobre 2014 qui a permis aux plateformes d’exister. Il y a un cadre juridique très clair qui a été mis en place. Ce cadre juridique en fait il est régulé par l’Orias qui donne en agrément d’intermédiaire en financement participatif, ce qu’on appelle également IFP.
Ensuite, il y a les plateformes qui prêtent de l’argent aux PME en rassemblant des investisseurs privés. Elles sont elles-mêmes contrôlées par l’autorité de contrôle prudentiel.
La mise en place de garde fous
Il y a également des gardes fous qui ont été mis en place. Des gardes fous côté prêteur, des gardes fous côté emprunteur.
- Côté prêteur tout d’abord. Il y a des investisseurs privés qui vont pouvoir venir prêter de l’argent en direct aux PME. Ils s’agit de limiter la perte potentielle qu’ils peuvent avoir.
Comment on limite la perte ? En les incitant à diversifier sur un maximum d’entreprises quand ils prêtent. Ce maximum a été défini par la loi à 1000 euros. Il va d’ailleurs changer très prochainement et passer à 2000 euros. Mais cela reste un montant raisonnable qui pousse les particuliers à investir sur 50 à 100 entreprises minimum.
- Côté emprunteur cette fois ci, côté entreprise, il y a un montant également maximum que l’entreprise peut emprunter sur une plateforme de prêt. Il est aujourd’hui fixé à 1 million d’euros. Là encore il y a des chances que ce plafond augmente prochainement.
Banques Vs Plateformes de prêts
Alors comment se positionnent les banques versus les plateformes de prêts ? En fait on a tendance à parler d’une image selon laquelle les banques verraient les entreprises en blanc ou noir.
Noir : ces entreprises qui ne peuvent pas emprunter
Noir, c’est lorsque les banques n’ont pas envie de prêter, parce que l’entreprise ne le mérite pas. Et sans faire d’anti bancaire primaire ou d’angélisme, il faut avouer qu’il y a certaines entreprises qui ne peuvent pas emprunter :
- Soit parce que ce sont des startups, qui doivent alors plutôt se tourner vers des solutions d’equity, dont on parlait tout à l’heure.
- Ou bien alors tout simplement des entreprises en perdition.
Zone blanche : des prêts soumis à de nombreuses contraintes
Et puis il y a la zone blanche, que les banques financent extrêmement bien. Il faut quand même savoir que les banques financent à hauteur de 80 milliards d’euros par an en France seulement pour les entreprises. Ce sont des sommes d’argent très conséquentes et souvent à des taux extrêmement bas.
Aujourd’hui une entreprise en bonne santé emprunte souvent à moins de 2 %, parfois moins de 1%. Mais il y a deux MAIS.
- Le premier MAIS c’est que quand une banque finance une entreprise, elle prend du temps. Ce temps se situe entre 1 à 3 mois, à partir du moment où vous demandez pour la première fois de l’argent et le moment où vous avez réellement votre argent.
- Le deuxième MAIS, c’est que la banque est obligée de prendre ceinture et bretelle. Bien évidemment lorsque vous prêtez de l’argent à des taux aussi bas, vous voulez vous protéger. Vous demandez alors des cautions, des nantissements, des contre-garanties, vous imposez des covenants, donc des clauses souvent sophistiqués dans les contrats de prêts.
Où se positionnent les plateformes de prêts ?
Alors précisément, où sont les plateformes de prêts entre cette zone blanche et cette zone noire ? Elles sont au milieu, elles sont dans la zone grise. Elles sont pas en train de financer des entreprises qui sont des rejetées du système bancaire. Elles sont simplement en train de financer des besoins que les banques ne savent pas bien financer.
Alors il y a une contrepartie à cela, c’est que les plateformes financent à des taux plus élevés que les banques. Les taux généralement constatés sur les plateformes vont de 4 et 9 %. En revanche les plateformes vont très vite dans leur prise de décision de crédit. Souvent entre 48 heures et une semaine pour financer un projet. Mais surtout, elles vont le faire en confiance. C’est à dire sans demander de cautions, de garantie, de contre-garantie, de covenants, etc..
Voilà comment se positionnent les banques Vs les plateformes. C’est un univers très complémentaire et pas directement concurrent, même si évidemment là c’est une image, et qu’à la frontière de la zone blanche et de la zone grise, il y a parfois de la concurrence.
Conclusion
Il est intéressant de noter que depuis 2 ans les plateformes de prêts ont financé n’importe quelle typologie d’entreprises, du moment qu’elles sont rentables. Ca c’est très important. Après peu importe leur taille, cela peut être des TPE, des PME comme des ETI. On a même vu des entreprises côtées venir emprunter sur des plateformes de prêts.
Voilà j’espère que je vous ai aidé à vous y retrouver dans ce maquis du crowdfunding, du crowdlending, et des plateformes de prêts, merci de votre attention.
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