Les 5 facteurs clés de succès d’un MOOC
Nous avons identifié 5 facteurs clés de succès qui impactent le taux de complétion et donc la réussite d’un MOOC.
Par Pierre Monclos – Le 3 mai 2015
Suite à la réalisation de nos 15 premiers MOOC, nous avons identifié 5 paramètres qui impactent le taux de complétion et donc la réussite d’un MOOC. Une attention portée sur ces 5 facteurs clés de succès permettent ainsi d’obtenir des taux de complétion élevés, autour de 50% à 60% sur les MOOC réalisés, tels que le MOOC Gestion de Projet et le MOOC Effectuation.
Préambule
Cet article est le fruit des demandes de nos différents interlocuteurs qui essaient d’identifier quels sont les leviers pour concevoir un MOOC de la meilleure espèce. Quelles sont les principales variables qui influent sur la réussite d’un MOOC ? Comment les appliquer concrètement dans la mise en œuvre de votre MOOC ? L’objectif sera alors pour le concepteur du MOOC d’identifier les zones sur lesquelles il doit braquer le projecteur et ainsi focaliser ses ressources. Comme dans un dessin animé de chez Pixar, l’essentiel du travail doit se faire là où sera portée l’attention du spectateur, ici, de l’apprenant.
Pour identifier les facteurs clé de succès d’un MOOC, il faut commencer par préciser quels sont les indicateurs de réussite du MOOC, car ces derniers peuvent varier en fonction des objectifs poursuivis. Dans le cas où le principal objectif du MOOC serait la qualité de l’enseignement délivré, ces indicateurs sont au nombre de… un : le taux de complétion.
Le taux de complétion du MOOC, peut être calculé en prenant le nombre d’apprenants finissant le MOOC divisé par le nombre d’apprenants ayant débuté le MOOC, i.e ayant réalisé au moins une activité (vous noterez que nous ne comptabilisons pas les “no-show”, c’est à dire les apprenants inscrits mais non actifs sur le MOOC).
Nous faisons l’hypothèse ici que cet indicateur, par essence multifactoriel, englobe tous les autres, qui sont alors considérés comme des variables explicatives, comme par exemple :
- Le nombre d’interactions dans le MOOC, mesuré en comptabilisant le nombre de posts sur les espaces d’échange (forum de discussion du MOOC, groupe Facebook ou Google+)
- Le nombre moyen de pages vues par apprenants, reflétant le degré d’engagement et de persévérance d’un participant
- Le taux de satisfaction à l’issue du MOOC et le taux de recommandation (données récupérées en général dans le questionnaire démographique final).
En prenant pour principal objet d’étude le taux de complétion d’un MOOC, nous avons identifié par l’observation 5 facteurs clés de succès d’un MOOC. Nous avons choisi de lister ces 5 facteurs par ordre d’importance décroissant, suivant une logique similaire aux 5 besoins fondamentaux hiérarchisés dans la pyramide de Maslow : une fois que l’on satisfait un critère, on peut passer au suivant (nous prenons le risque d’essuyer les mêmes critiques que Maslow, à savoir que la progession d’un critère à l’autre n’est en réalité pas aussi linéaire). Mais toujours est-il qu’il est préférable de se concentrer sur les premiers paramètres avant de s’attaquer aux derniers.
Facteur clé N°1 : la qualité globale des contenus.
Ce premier facteur était attendu de toute évidence. Il importe donc moins de justifier ce paramètre que d’indiquer ce que l’on entend par qualité et par contenus. Si nous devions juger de la qualité des contenus, voici les trois principaux critères pour le faire (en faisant l’hypothèse de la qualité intrinsèque des contenus bien entendu) :
- Qualité technique : qualité audio et vidéo pour les vidéos de cours, mise en page pour les contenus texte, ergonomie de l’ensemble
- Qualité pédagogique : capacité de l’expert de transmettre à distance ses contenus, par l’intermédiaire d’un support vidéo ou texte
- Qualité du dispositif pédagogique global : complémentarité entre ressources et activités, pédagogie par projet, capacité à atteindre les objectifs pédagogiques énoncés dans le MOOC.
Le critère technique est placé en premier car c’est une condition nécessaire, mais non suffisante. Il est étonnant de constater que certains MOOC ne parviennent pas à obtenir un résultat satisfaisant sur les critères pédagogiques, au mieux en raison d’une trop forte focalisation sur la technique au détriment de la pédagogie (il n’y a qu’à constater les dépenses consacrées aux équipements vidéo, certes fondamentaux, mais insuffisants pour obtenir une vidéo pédagogique de qualité), au pire du fait d’un manque de ressources allouées et de temps, ou d’expertise sur la pédagogie. Souvent, cela s’explique également par le fait que l’expert travaille seul sur le contenu, alors que la conception pédagogique doit absolument être le fruit d’un travail d’équipe entre expert(s), ingénieur pédagogique, responsable plate-forme, vidéaste…
Le critère principal pour lequel nous souhaitons attirer votre attention est donc le critère pédagogique. Plus l’expert sera accompagné en amont pour concevoir les différents contenus, plus ces contenus auront une chance d’être délivrés de la meilleure manière aux apprenants. Fini le temps où les experts préparent les contenus dans leur coin : place à la co-création avec l’aide d’ingénieurs pédagogiques qui “challengent” les experts et lui font découvrir le champs des possibles technique et les bonnes pratiques de la pédagogie numérique.
Secundo, il faut raisonner dans un MOOC en termes de dispositif pédagogique et non pas seulement en termes de supports. Ne plus penser d’un côté les ressources d’apprentissage et de l’autre les activités, mais mêler les deux étroitement afin que la mise en pratique et l’application soient au centre de l’apprentissage. Ce point précis fera l’objet d’un prochain article sur la pédagogie par projet. Pour plus d’informations relatives à la construction du dispositif d’apprentissage, nous vous conseillons de vous référer à notre Livre Blanc : Design de MOOC.
Facteur clé N°2 : proximité avec l’expert
Nous avons observé dans nos différents MOOC que plus une relation de complicité s’installait entre l’expert et les apprenants, plus ces derniers étaient enclins à poursuivre l’aventure. L’exemple de la formation Gestion de Projet illustre bien cet argument : le fait que Rémi Bachelet, Philippe Silberzhan et Fabrice Mauléon incarnent aussi bien le MOOC a motivé beaucoup de participants à aller jusqu’au bout, comme en témoignent les centaines de témoignages élogieux à leur égard. Ainsi, nous recommandons aux concepteurs de MOOC d’identifier un “visage” du MOOC.
Cela a plusieurs implications concrètes :
- Limiter le nombre d’intervenants, idéalement à une personne
- impliquer fortement l’expert durant la phase d’animation pour que les apprenants “sentent” sa présence tout au long du MOOC.
Un exemple ? Lorsque vous envoyez des messages de communication aux apprenants, envoyez-les si possible depuis le compte de l’expert, car cela renforce la proximité entre l’apprenant et l’expert.
Annonce du MOOC Pensée Design
Un deuxième élément permettant de rapprocher l’expert des apprenants est la réalisation de visio-conférences en direct. Cet événement permet aux apprenants de voir l’expert en direct et de lui poser des questions. Cela permet ainsi de créer plus de liens et de rendre l’expert plus accessible.
Photographie d’un apprenant durant une conférence live du MOOC Pensée Design
Ce deuxième paramètre pourrait correspondre au besoin de sécurité d’après la pyramide de Maslow. L’apprenant a besoin de se sentir accompagné, guidé par l’expert, et ce d’autant plus qu’il n’a pas accès à lui physiquement. Cela permet de lutter contre le sentiment d’isolement souvent ressenti en e-learning et qui constitue un véritable frein à l’apprentissage.
Facteur clé N°3 : ambiance de partage et d’interaction
Il est encore courant, même trois ans après l’apparition des MOOC, d’opposer cMOOC et xMOOC. La première catégorie désigne les MOOC connectivistes centrés sur les interactions entre apprenants. Ils visent la production d’un savoir collectif, sans l’apport en amont de connaissances structurées par un expert. La deuxième catégorie, les MOOC instructivistes, est pour sa part censée reproduire le modèle du cours magistral, un professeur débitant son savoir de manière verticale aux apprenants.
Chez Unow, nous n’avons jamais cru que cette opposition radicale était pertinente. Un MOOC doit plutôt être pensé comme une alliance entre connectivisme et instructivisme et les proportions doivent varier en fonction de paramètres tels que les objectifs pédagogiques, le degré d’autonomie des apprenants ou encore le niveau de difficulté souhaité pour la formation.
L’objectif est alors d’intégrer au dispositif pédagogique des espaces de partage et d’interaction entre apprenants. Avoir en permanence de nouveaux contenus créés grâce aux échanges, est une raison suffisante pour motiver les apprenants à revenir sur la plateforme.
Les 3 parcours du MOOC ABC Gestion de Projet. Auteur : Unow, livre blanc Design de MOOC
Ainsi, en dehors des contenus préparés par l’expert et l’équipe pédagogique, l’équipe de conception doit proposer des activités collaboratives et animer ces espaces d’échange, avec par exemple la mise en place de mini-activités facultatives sur le forum, centrées autour d’une question à laquelle doivent répondre les apprenants de manière succincte. Ces dernières ont généralement beaucoup de succès, en témoigne l’activité 1 du MOOC Pensée Design qui a récolté 717 participations sur 2200 inscrits.
Une citation d’un participant au MOOC Gestion de Projet illustre parfaitement l’importance des espaces d’échange et d’interaction qui contribuent à créer une ambiance dans un MOOC :
Je retiens l’acquisition de nouvelles connaissances et compétences, à travers une méthodologie que je ne connaissais pas : celle de la gestion de projet. Je retiens surtout une excellente ambiance, d’échange et de partage entre participants mais également avec l’équipe encadrante, réactive, disponible et agréable.
Dès lors, nous pouvons assister à l’émergence d’un véritable esprit de promotion, si bien que les échanges débordent dans la vie réelle, via l’organisation de rendez-vous virtuels par google hangout, ou même physiques via la plateforme meetup.
Facteur clé N°4 : ergonomie et expérience utilisateur
Après avoir réfléchi à la qualité des contenus, au visage (si possible charismatique) du MOOC, et à l’ambiance du MOOC, il faut s’atteler à la construction du cadre dans lequel les apprenants vont évoluer, au “contenant du MOOC”. Il ne s’agit pas ici d’avoir des chaises confortables et une salle bien climatisée, mais d’avoir un outil qui présente toutes les fonctionnalités nécessaires, et surtout, de savoir bien l’utiliser. En dehors de l’expérience d’apprentissage conférée notamment par les 3 premiers facteurs clés de succès, l’idée est ici de la compléter par une bonne expérience utilisateur en ligne. La réflexion doit alors s’orienter vers l’ergonomie, en prenant en compte les paramètres suivants :
- Facilité d’accès aux ressources (raisonner en nombre de clics permettant d’accéder à telle ressources ou activité). Nous vous conseillons ici de vous référer à la règles de 3 clics, selon laquelle une information ne doit pas se trouver à plus de 3 clics de portée.
- Fluidité de la navigation (a-t-on besoin de réfléchir pour accéder à tel élément ?)
« Certains logiciels d’apprentissage, ou LMS, pêchent encore par leur manque de fonctionnalités mais surtout par la façon dont les ressources sont agencées. Faire un MOOC, cela consiste à réfléchir à la manière dont les apprenants vont s’approprier l’outil. Une mauvaise expérience d’utilisation entraînera de fait une mauvaise expérience d’apprentissage. Dans les MOOC que nous avons réalisés, nous avons identifié une corrélation positive entre la satisfaction concernant l’outil (NDLR : Canvas LMS) et le taux de complétion. » Yannick Petit.
Voici un exemple qui illustre la différence au niveau de l’expérience d’apprentissage en fonction de l’utilisation de deux outils : d’un côté Canvas LMS et de l’autre Open edX. Sur Open edX, tout comme sur Coursera d’ailleurs, les participants peuvent créer leurs propres fils de discussion, et ainsi être libre d’échanger sur tel ou tel sujet. Cela entraîne une multitude de sujets de discussion, parfois plusieurs centaines par MOOC, et ainsi de nombreux posts sont “noyés” et restent sans réponse.
Forum de plateforme France université numérique
Chez Unow, nous utilisons la technologie Canvas LMS qui permet de modérer la conception des fils de discussion. Ainsi, nous créons un nombre limité de sujets de discussion, et nous nous assurons que tous les posts trouvent une réponse. Ainsi, lors du MOOC Gestion de Projet, pas moins de 5.456 messages ont été postés sur le forum.
Facteur clé N°5 : pilotage et gamification
Dès lors que les apprenants sont satisfaits de l’expérience d’apprentissage et d’utilisation de la plateforme, nous pouvons passer au dernier facteur clé de succès : le pilotage et la gamification du MOOC. Ces deux notions couvrent le même objectif : conserver l’attention et la motivation de l’apprenant dans le cours en utilisant des données statistiques et des mécanismes ludiques.
Le pilotage du MOOC consiste à suivre de très près la trajectoire des apprenants et d’agir dessus si nécessaire.
Grâce à l’analyse des données récoltées sur la plateforme, nous pouvons ainsi définir des typologies d’apprenants et les suivre tout au long du MOOC. Si leur comportement n’est pas conforme à celui attendu, i.e leur trajectoire dévie de celle espérée, nous pouvons intervenir en leur envoyant des messages ciblés.
Ainsi, le pilotage du MOOC consiste à suivre au plus près le comportement des apprenants et d’agir pour faire en sorte de mener un maximum de participants au bout de la formation.
Les outils de gamification (ludification en français) concernent les aspects motivationnels ou comme dirait Maslow, sur l’estime de soi et le sentiment de réalisation (self-accomplishment). Ces méthodes s’appuient sur les recettes des jeux vidéo qui visent à entraîner de l’addiction de la part du “gamer”. Appliquées au MOOC, l’emploi de ces méthodes permet de générer de la rétention de la part des MOOCeurs. Une des principales applications consiste à délivrer des récompenses aux apprenants “assidus”, matérialisées par exemple sous forme de badges, sorte de médailles virtuelles à collectionner, pour chaque série d’actions effectuées sur le MOOC. En pratique, nous faisons gagner des badges pour chaque semaine de MOOC validée.
Obtention du badges de la semaine 5 du MOOC Gestion de Projet
Les badges jouent sur le registre des deux types de motivations de l’apprenant : la motivation intrinsèque et la motivation extrinsèque. La motivation intrinsèque est celle qui vient du sentiment d’accomplissement, de la réussite en soi, pour soi. La motivation extrinsèque joue elle sur la volonté de valoriser son travail auprès de l’extérieur, pour parvenir à des objectifs variés : obtenir un nouvel emploi, valoriser de nouvelles compétences auprès de son employeur… Le fait que l’apprenant puisse collecter et montrer ses badges sur les réseaux sociaux comme LinkedIn permet ainsi de satisfaire cette motivation extrinsèque.
Exemple d’une collection de badges sur la plateforme Unow
Vous souhaitez découvrir comment Unow met concrètement en oeuvre ces 5 facteurs clés de succès ?
N’hésitez pas à nous contacter via notre site Unow.fr !
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